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Bilan des relations économiques entre la Corée du Sud et l’Union Européenne & conséquences du Brexit
Bilan UE-Corée : la France en bonne position
Les relations entre l'Union Européenne et la Corée se portent biens comme le souligne le rapport de la délégation de l’Union Européenne auprès de la République de Corée sorti en décembre dernier, « Korea matters for Europe. Europe matters for Korea ».
En effet, depuis l’établissement de relations diplomatiques en 1963, le partenariat européanno-coréen s’est toujours construit sur la coopération et une politique de rapprochement à tous les niveaux : économie, R&D, défense, santé... L’UE est le 4ème plus grand marché à l’export pour la Corée, qui représente, quant à elle, le 9ème partenaire commercial de l’Union. Ainsi, de la même manière que pour le Royaume-Uni, les relations économiques entre l’UE et la Corée du Sud s’articulent autour de l’accord de libre-échange UE-Corée en vigueur depuis 2011.
L’accord élimine 98% des tarifs douaniers à l’import et autres barrières commerciales pour les biens manufacturés er produits agricoles : un accord plus important que celui entre la Corée et les États-Unis. Depuis sa mise en oeuvre, on note une augmentation de 20% du commerce avec la Corée entre 2010 et 2018, pour atteindre 108 milliards de dollars en 2018. Dès la première année, la Commission européenne estimait à 2,8 milliards d’euros les économies réalisées par les entreprises européennes en droits de douane. Les exports de l’UE vers la Corée de véhicules et de produits agroalimentaires sont les grands gagnants avec une croissance soutenue de 256% et de 272% respectivement entre 2010 et 2018, suivi d’autres biens de consommation tels que le prêt-à-porter ou encore la pharmaceutique. De la Corée vers l’UE, les exportations ont, elles, augmenté de 165% entre 2010 et 2018, dont une part importante de l’électronique (smartphones et écrans) notamment.
Côté investissements étrangers, ils totalisent 136 milliards d’euros en 2018 entre les deux partis, l’UE surpassant les stocks d’investissement en Corée issus du Japon, des Etats-Unis, de l’Asie du sud-est et de la Chine, avec 82 milliards de dollars.
Au sein de ce partenariat, la France demeure l’un des partenaires principaux de la Corée. L’Hexagone se démarque comme l’un des pays où la Corée exporte le plus, représentant 4,1 milliards d’euros en 2019 (principalement les biens manufacturés, l’automobile, la pétrochimie et les batteries), tandis que la France exportait 5,2 milliards la même année (principalement l’aéronautique, les machines industrielles, le luxe et l’agroalimentaire). Avec 25 multinationales coréennes présentes sur son territoire, dont les géants Samsung, Hyundai-Kia SK ou Naver, la France démontre son potentiel d’attraction. Comme le souligne Philippe Lefort, ambassadeur de France en Corée du Sud, « la France était en 2019 le premier pays européen pour l’accueil d’investissements directs à l’étranger, grâce notamment aux réformes économiques menées depuis 2017 ».
La diplomatie franco-coréenne, particulièrement développée, y contribue grandement : entre 2010 et 2018, la France est le pays européen qui a envoyé le plus de délégations officielles en Corée du Sud, et vice-versa. La France représente aussi la première diaspora européenne en Corée et est le deuxième pays européen d'accueil d'expatriés coréens, signe d’un vif intérêt mutuel !
Quid de l'impact du Brexit sur les relations Europe-Corée?
Le 24 décembre 2020 a vu aboutir près de 10 mois de négociations presque interrompues entre diplomates britanniques et européens sur les termes d’un accord de sortie. Le texte fait suite à la volonté du peuple britannique de quitter l’UE, exprimée par la victoire à 51,9% du « Leave » au référendum du 23 juin 2016.
Long de 1246 pages, le texte couvre tous les domaines de la future relation entre le Royaume Uni et l’UE : commercial, industriel, culturel ou encore éducatif, en passant par l’exploitation des ressources halieutiques au sein de la zone économique exclusive (ZEE) britannique, qui était jusqu’ici le dernier rempart à surmonter pour envisager tout accord. Si de nombreuses mesures doivent entrer en vigueur dès le 1er janvier 2021 (fin de la libre circulation des personnes, garantie d’échanges sans droits de douane ni quotas à condition de respecter les standards sociaux, environnementaux et climatiques européens), d’autres entreront en vigueur de manière progressive sur l’année 2021 (fin de la participation au programme d’échange universitaire « Erasmus »). La signature du 24 décembre dernier, qui doit encore être formellement validée par les 27 États membres et le parlement européen début 2021, n’est donc que le lancement d’une phase économique de transition, qui doit durer jusqu’en juin 2026.
Néanmoins, comme l’avance la presse coréenne et les spécialistes (voir le rapport de l'Institut coréen de Recherche Economique ici qui analysait les différents scénarios de sortie), le Brexit ne devrait avoir que peu d’impact sur l'économie sud-coréenne car la Grande-Bretagne ne représente que 1,1% des exportations de la Corée. De plus ces modalités de sortie de l'UE ne devraient pas affecter de manière significative la chaîne de valeur mondiale sur laquelle l'économie coréenne repose, et les deux pays ont signé le 22 août 2019 un accord bilatéral, effectif depuis le 1er janvier dernier, visant à maintenir en l’état les mesures de libre-échange.
Le volume des échanges entre les deux pays (principalement des automobiles, des équipements marritimes, de la pétrochimie et quelques biens agroalimentaires) atteignait 9,7 milliards de dollars en 2019, faisant de la Grande Bretagne le 18ème partenaire commercial de la Corée.