Les défis d’accès au marché coréen : comment faire entendre sa voix ?

Par Oriane Lemaire

Malgré l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Corée en 2011, les problématiques d’accès au marché local restent au cœur des préoccupations des entreprises étrangères. Visas, immigration, importation parallèle, règles sur les appels d’offre, fiscalité, etc. Autant d’enjeux auxquels font face les entrepreneurs qui n’ont souvent pas les moyens de les soulever auprès des décideurs. Pas facile de faire entendre sa voix : c’est là que la FKCCI intervient.

 

La FKCCI s’est forgée une identité véritablement biculturelle : aujourd’hui, plus de 40% de ses membres sont coréens. Une telle ouverture a été très bien accueillie par les décideurs locaux, qui reconnaissent en la Chambre, un porte-voix légitime des entreprises françaises. « La FKCCI est reconnue comme un interlocuteur habituel des pouvoirs publics. Les instances coréennes se tournent vers les chambres de commerce étrangères pour connaître le point de vue des entreprises », explique Lucas Boudet, secrétaire général de la FKCCI.

« Dans l’autre sens, nos membres nous placent au cœur des problématiques d’investissements et d’accès au marché. […] Nous allons écouter, agréger, hiérarchiser puis relayer de manière anonyme leurs demandes », ajoute-t-il.

Comment les entreprises étrangères perçoivent-elles le climat des affaires sur la péninsule ? Malgré un ralentissement conjoncturel et les défis liés aux réglementations nationales, la Corée continue de représenter un marché attractif. Selon le Business Confidence Survey conduit chaque année par les chambres européennes en Corée, 90% des entreprises interrogées considèrent en 2015 que le pays revêt une importance égale ou accrue dans leur stratégie globale. Près de 60% d’entre elles confirment également leur volonté de développer leurs activités (contre 50% en 2014).

Et ce, malgré plusieurs défis. Parmi eux, si les sociétés citent principalement la conjoncture globale ou la hausse du coût du travail, elles placent également dans leur top 5 la volatilité de la mise en œuvre des règlementations. « Nous faisons face à un problème de capillarité entre la prise de décision au plus haut niveau et leur application par les différents agents qui ne sont pas au courant des évolutions législatives ou qui les interprètent différemment. Cela crée un décalage entre un discours pro-investissements étrangers et la réalité du terrain », analyse Lucas Boudet. « Les sociétés peuvent s’accommoder d’évolutions législatives mais elles ont du mal à se projeter dans le temps face à la volatilité des réglementations souvent décidées en réaction de l’opinion publique », ajoute-il.

Parmi ces défis, on retrouve l’accès limité au financement des banques locales qui requièrent une caution coréenne, l’exigence de références locales dans le cadre d’appels d’offres publiques discriminant les nouveaux entrants, l’opacité et la durée imprévisible (de quelques mois à quelques années) des procédures d’audit des douanes, ou encore le décalage entre normes internationales et domestiques notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’automobile.

SAMSUNG CSC« Une problématique qui nous tient à cœur est celle des visas. Il existe un quota pour limiter à 20% le nombre d’étrangers au sein d’une entreprise coréenne. Avec le soutien de l’ambassade, nous avons réussi à supprimer ce quota pour deux ans dans les domaines de l’économie créative » se réjouit David-Pierre Jalicon, président de la FKCCI. « L’enjeu est désormais de formaliser les demandes et centraliser nos voix pour gagner en efficacité et crédibilité auprès des institutions coréennes. […] Les services économiques de l’ambassade et les conseillers du commerce extérieur sont également sollicités. Nous travaillons donc de concert afin d’obtenir une vue exhaustive des différentes problématiques. » La FKCCI se coordonne également avec les autres chambres de commerce étrangères : depuis 2015 par exemple, elles se réunissent régulièrement avec les douanes coréennes pour soulever les points clefs relatifs aux importations. D’autres moments clefs ponctuent l’année, dont de nombreux rendez-vous ministériels ou encore le Foreign Investment Advisory Council, événement biannuel où les ministères répondent aux requêtes des chambres et grandes groupes sous l’égide de l’ombudsman du KOTRA.

Ainsi, si des avancées réelles sont enregistrées, c’est aussi parce que l’union fait la force. Comme le proclamait M. Jalicon à l’Assemblée Générale de la FKCCI: « Ces processus prennent du temps. Plus nous sommes nombreux, plus nous sommes reconnus, plus nous sommes influents ».

 

 

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