Analyses & Etudes

Le PIB coréen a d’ores et déjà dépassé son niveau d’avant-crise

En croissance de 1,9 % durant le premier trimestre 2021, le PIB coréen a dépassé son niveau d’avant la crise.


Après une baisse de 0.9 % en 2020, la croissance, plus élevée qu’attendue lors du premier trimestre 2021 (+ 1,7 % en g.t) permet à la Corée de retrouver son niveau de PIB d’avant la crise et augure d’une croissance annuelle s’approchant des 4 %. Les exportations, l’investissement des entreprises et, dans une moindre mesure, la consommation privée portent ce rebond de l’économie coréenne.


 

Après une contraction modérée en 2020, l’économie coréenne croît fortement lors du T1 2021

En croissance de 1,9 % (en g.a) durant le premier trimestre 2021, le PIB coréen a dépassé son niveau d’avant la crise, selon les données préliminaires de la Bank of Korea. Cette croissance, de 1,7 % en g.t, concerne toutes les composantes du PIB, une première depuis le début de la crise. Elle fait suite à une contraction de l’économie coréenne de 0,9 % sur l’ensemble de l’année 2020, première année de récession pour le pays depuis 1998.

 

PIB trimestriel coréen (Banque de Corée) :

 

L’accélération de la croissance s’explique, notamment, par un retour en force des dépenses de consommation finale, de 1,3 % en g.t (et 1,5 % en g.a) après une baisse de 2,4 % en 2020. Durant le premier trimestre 2021, la consommation publique, + 1,6 % en g.t (+ 2,3 % en g.a) mais également privée, + 1,2 % en g.t (+ 1,2 % en g.a) sont en hausse.

L’investissement, composante dont la croissance est la plus importante, augmente de 2,5 % en g.t (4,0 % en g.a), soutenu par d’importants achats d’équipements (+ 6,1 % en g.t et 12,4 % en g.a), particulièrement à destination des usines de production de semi-conducteurs. Les dépenses de construction se sont accrues de 1,3 % en g.t, mais diminuent de 1,8 % en g.a. Ce dynamisme de l’investissement fait suite à une hausse de 2,6 % en 2020.

Les exportations continuent à progresser (+ 2,0 % en g.t et 5,1 % en g.a), quoique à un rythme plus faible que durant le trimestre précédent (5,3 % en g.t). Les importations croissent de 2,9 % en g.t (4,1 % en g.a). Les Douanes coréennes donnent, quant à elles, des chiffres bien plus élevés : + 12,5 % pour les exportations et + 12 % pour les importations, en g.a. La hausse des ventes de semi-conducteurs (+ 14,1 % en g.a) et d’automobiles (+ 23,7 %) explique une large partie de cette dynamique. Cette hausse contraste avec la chute des exportations, - 5,4 %, et des importations, - 7,2 %, de biens en 2020 (données des Douanes).

Le marché du travail voit également sa situation s’améliorer, le chômage est redescendu à 4,0 % en mai 2021 après avoir atteint un sommet en janvier à 5,7 % mais demeure encore loin de son niveau pré-crise (3,1 % au T4 2019). Le taux d’emploi des 15-64 s’établi à 66,9 % (+ 1,1 point en g.a). Pour autant, la situation de l’emploi reste durablement affectée dans certains secteurs comme l’hôtellerie, la restauration et les commerces de détails, ou pour certains types d’emploi comme les contrats temporaires.

 

Un optimisme grandissant des prévisions de croissance pour 2021

La hausse du PIB au T1 2021, plus forte qu’anticipée par les marchés financiers (qui tablaient sur 1,2 %), donne du crédit aux estimations de croissance faites par la Banque Asiatique de Développement (3,5 %) ou le FMI (3,8 %) pour 2021. La BoK a récemment rehaussé son estimation qui atteint désormais 4,0 % en 2021 et 3,0 % en 2022.

 

Prévisions de croissance 2020 et 2021, World Economic Outlook, FMI[1]

 

Cette forte reprise sera tirée par le commerce extérieur, en raison du dynamisme de l’économie mondiale, qui porte la demande des semi-conducteurs, produit dont les ventes, très cycliques, continueront à augmenter tout au long de l’année. Le Ministère de l’économie et des finances (MOEF) prévoit une croissance des exportations de 8,6 % et des importations de 9,3 %. La BoK escompte une reprise modérée de la consommation privée (+ 2,5 %) en raison de l’impact de la crise sur le revenu des ménages, tandis que l’investissement des entreprises poursuit sa hausse (+ 7,5 %) pour répondre à la montée en puissance des exportations.

 

Une politique budgétaire expansionniste en soutien à l’activité économique

Pour soutenir la reprise, le gouvernement, maintient en 2021 sa politique budgétaire expansive avec un budget en augmentation de près de 9 %, pour la 3e année consécutive, pour atteindre un montant de 416 Mds €, tout en en modifiant les objectifs : atténuer, au plus vite, les effets de la crise et investir dans les technologies du futur. La politique majeure du gouvernement, annoncée en 2020, est le Korean New Deal, un vaste plan de développement sur 5 ans, d’un montant de 120 Mds €. En 2021, le gouvernement prévoit que 9,5 Mds € soient investis dans le volet digital (notamment pour l’extension du réseau 5G) et 9,9 Mds € dans le soutien aux industries vertes.

Le déficit public devrait s’établir à 4,5 %[2] du PIB en 2021, suite au vote en mars 2021 d’un budget supplémentaire d’un montant de 14,0 Mds € pour soutenir les commerces impactés par les mesures de distanciation sociale, contre 3,7 % dans le budget 2021 initial, et la dette publique à 48,2 % du PIB. Ce ratio reste à un niveau très soutenable pour le pays, bien meilleur que la plupart des pays développés, et ne constitue pas un problème à court terme. Cependant le gouvernement, dans sa trajectoire fiscale pluriannuelle, prévoit que la dette publique atteigne 58,3 % du PIB en 2024.

 


 

[1] ASEAN-5 = Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Vietnam

[2] Les comptes de la sécurité sociale coréenne étant excédentaires, le déficit budgétaire est, en réalité, plus élevé.

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